A vos fourchettes, prêts, partez

AccueilCarnets de voyageAntalya – Konya – Ankara : L’ennuyante, la surprenante et la mutante

Antalya – Konya – Ankara : L’ennuyante, la surprenante et la mutante

10631793_10204636974474979_873054049_o

Trois villes en 3 jours avec 3 ressentis totalement différents. Quasiment rien en commun, c’’est donc pour cela que j’ai décidé de les visiter. Pas vraiment envie de quitter la Cappadoce, mais il faut bien avancer. Je dois rallier Denizli pour Pamukkale. Mais avant ça, je souhaite me faire ma propre opinion sur Antalya, Konya et Ankara.

La Cappadoce c’est fini, dans le bus je n’arrive pas à me dire que demain, je serais dans une autre ville complètement différente. Antalya est ma prochaine destination avec pas moins de 8 heures de route. Le bus n’étant pas plein, je peux m’allonger et dormir pendant tout le trajet. Une aubaine pour moi, la fatigue a presque disparu. La nostalgie me gagne déjà, la vue de la vallée lors du lever du soleil, la nature étrange de la Cappadoce, et les diverses rencontres faites au cours de mon séjour.

 

Antalya : La pluie et l’ennui 

 

Arrivé à Antalya, la pluie ne veut pas s’arrêter, un véritable déluge s’abat sur moi. Finalement, j’étais mieux dans le bus ! J’affronte le temps, afin de rejoindre mon auberge de jeunesse et prend le 1er transport en commun que je trouve, le bus. Mais il faut savoir que les bus en Turquie sont vraiment très lents… J’aurais mieux fait de prendre le Tramway, ça me servira de leçon. Je me mets proche de la fenêtre pour voir la ville, mais l’admiration n’est pas au rendez-vous. Antalya ne me transporte pas, comme a pu le faire Gorëme ou Istanbul auparavant. Et la pluie n’aide vraiment pas. J’ai tellement le cafard que j’ai juste envie d’annuler ma nuit et de repartir.  Je n’aime pas faire de mauvaise pub, mais l’auberge  Sabah Pansiyon n’est vraiment pas à conseiller … A l’intérieur, je rencontre Chet, un taïwanais qui en a également sa claque. Cette ville ne semble plaire à personne, mis à part quelques touristes fortunés qui s’éclatant sur la côte l’été. Mais vu le temps, nous ne pourrons pas profiter de la plage.

 

Olympos, une solution viable ? 

 

Au final, l’adjectif qui correspondrait le mieux à Antalya serait « Ennuyante ». J’ai beau chercher, je ne trouve rien d’attrayant à faire dans cette ville. A part peut-être le Brokon Minaret et l’Hadriens Bridge … Je me motive enfin et trouve quelque chose à faire, ça ressemble néanmoins plus à une galère qu’autre chose. Au moins, ça rythmera un peu ma journée. Olympos sera ma prochaine destination pour la journée. J’espère la compagnie du soleil, mais il n’en sera rien. Cela fait un moment que je n’ai pas pris de mini bus, depuis le Pérou, pour vous dire la vérité. C’est donc l’heure pour moi de renouer avec mes amours antérieurs. Deux mini bus avec une connexion dans un coin paumé. Je ne savais pas si je devais revenir ou poursuivre ma route. 40 minutes plus tard un autre Minibus m’amène finalement à Olympos. Je marche un peu, rien de bien excitant. Je découvrirais plus tard, qu’il fallait poursuivre 5 minutes pour découvrir les belles plages du coins. SHIT …. La pluie ne m’avait pas donné envie de poursuivre. Comme quoi, malgré le temps, il faut toujours se faire violence, même quand le raz-le-bol devient trop fort.

2h de route et me voici de nouveau à Antalya, je rentre dans ma chambre et tente de trouver une solution pour m’échapper de ce calvaire. Il est 17h, je parviens à nouer contact avec un turque. Je lui ‘émets même l’idée de partir direction la frontière avec l’Iran. Pourquoi ne pas passer par Madrin? Il me met en garde, trop dangereux, ce n’est pas le moment d’y aller. En même temps, y-a t-il vraiment un moment propice à ce genre de déplacement ? Je décide de prendre les devants même si l’Est de la Turquie ne sera pas pour cette fois. Ma décision est prise. Mon bus pour Konya initialement prévu le lendemain matin, est avancé à 23h .

J’aurais payé une nuit d’auberge pour rien, mais au moins je n’ai pas l’impression de rester statique. J’ai n’étais pas certain de pouvoir changer mon billet, mais finalement ça été un véritable jeu d’enfant. A la gare routière, un véritable bazar sans nom… Fumigènes, cris, beaucoup de bruit … La raison serait la fête de départ d’un proche (ami ou famille) pour l’armée Turque. C’est un peu particulier mais soit. Par le plus grand des hasards, je retrouve Chet, le taïwanais rencontré à l’auberge.

Nous resterons donc ensemble pour visiter Konya et surtout voir cette fameuse danse traditionnelle et ses Derviches tourneurs. Après près de deux heures d’attente, le bus arrive enfin. Pas vraiment le choix, vu que le tramway desservant la gare ne roule plus après 21h. Dingue pour une ville aussi fréquentée… Nous ne sommes pas dans la saison estivale, c’est peut-être la raison. La fête continue pour les Turcs… du feu autour du bus, pas vraiment rassurant.

 

A la recherche d’authenticité, Bienvenue à Konya. 

4h30 du matin, la tête dans le cul (oui je suis très souple), le bus s’arrête. Nous voilà à destination, enfin près d’un arrêt de Tram. Selon les locaux, il dessert le centre-ville. Chet, féru de technologie allume son gps sur son Ipad. L’hôtel que nous avons choisi (Is Der Konya) semble être à deux pas. 25 minutes de Tram’ plus tard, sans avoir déboursé le moindre sous (pas de ma faute, si l’on ne peut pas acheter de billets à 5h du matin), nous arrivons au centre-ville. Même avec le GPS, impossible de trouver cette petite ruelle. Quand on y réfléchit bien, nous nous sommes torturés l’esprit pour rien. C’était seulement à 3 minutes … Dans la rue on nous dévisage, je ne sais pas si c’est pour nous laisser un message quelconque ou une paranoïa que je m’inflige volontairement.

« Toc toc », je frappe mais personne ne me répond. Je regarde Chet. Nos regards se nourrissent des incompréhensions qui nous entourent. Cette ville est un véritable choc culturel, j’ai perdu tous mes repères. Je suis bien moins à l’aise. On nous ouvre enfin, il est encore trop tôt pour découvrir cette ville mystérieuse, un bout de canapé nous suffira pour finir notre courte nuit. Tout le monde commence à se réveiller, nous suivons la masse. 9h, mon estomac fait de drôles de bruits. A première vue, pas grand chose d’ouvert, mais ça va nous permettre de nous familiariser avec les environs.

Dans les rues, l’ambiance est toujours aussi perturbante. Difficile. Je ne me sens pas spécialement en sécurité, mais bizarrement j’aime ça. Peut être l’adrénaline … Je ne saurais décrire ce sentiment. Une chose est sûre, Antalya ne me manque pas. Hors de question cependant de rester plus d’une journée dans cette ville. Je vais en faire le tour aujourd’hui. Demain, je choisirais une autre destination. Je n’en ai pour l’instant aucune idée et c’est le cadet de mes soucis. 1 euros pour un kebab, rien à dire , nous fonçons.

Le restaurant s’appelle Haci Sukru et en plus d’être bon marché, c’est vraiment délicieux. En même temps, la ville étant peu touristique, tout est bon marché. Nous retournons à l’hôtel pour nous installer.  Le confort est sommaire mais pour une nuit ça ira. La mauvaise surprise (il en fallait bien une), les chiottes turques … Je les avais plus au moins évité jusque là, c’est chose faite maintenant. Le broc d’eau en guise de chasse d’eau ne me fait pas longtemps rire.

Bon et demain je fais quoi? Ankara ? Je n’ai jamais rien entendu de positif à son sujet mais justement ça m’attire. Alanya? Mais les photos que je trouve sur google ne m’inspire pas vraiment … Ultime option, rester à Konya ? NO WAY !

 

Ville emblématique de la culture Turque

 

Ce sera Ankara, le billet est acheté pour le lendemain matin à 9h. Avec 4h de trajet (une broutille compte tenu des longs trajets que j’ai fait auparavant), j’aurais une demi-journée pour avoir un aperçu de la capitale Turque. En attendant Konya me tend les bras, dans lesquelles je tarde à me glisser  Ça y est, je suis lancé et plus rien ne m’arrête. Les regards ne s’estompent pas, j’ai vraiment envie de leur parler. Malheureusement, les seules personnens parlant anglais sont celles tenant un bar ou un hôtel.

J’ai cette envie soudaine de parler Turque, et de m’informer auprès du peuple, du vrai même si certains paraissent quelque peu distants voir méfiants. Le décalage avec Istanbul est énorme où la modernité était de mise, ici rien de comparable … 95 % des femmes sont voilées. Cette ville est peu connue du touriste Lambda, pas facile d’exister à côté des monstres que sont Gorëme, Istanbul, Antalya, ou encore Denizli. Néanmoins, elle est connue pour son tissage de tapis, sa dance déconcertante mais hautement symbolique ou encore son histoire exceptionnelle. Rappelons que Konya fut  de 1074 à 1294, la capitale du Sultanat Seldjoukide d’Iconium, et après le démembrement de cet empire, elle resta celle de l’Emirat Karamanide.  Dans le cœur de la ville, la mosquée Ala’ad-Dîn a inhumé de nombreux Sultans. 

Direction maintenant le musée Mevlana, appelé le Dome vert. Un des plus beaux musées Turque, offrant un rendez-vous avec l’histoire. Je me familiarise peu à peu avec cette ville, qui n’avait rien pour elle il y a encore 6h. A la sortie de Mevlana, un tract annonçant la danse traditionnel de ce soir, véritable symbole de la ville de Konya. A 16h, nous mangeons (oui encore …  Le mot ogre peut être utilisé, je vous l’accorde) pour pas cher, et deux fois plus qu’à notre habitude. 1 euros le plat, pourquoi se priver ?

Puis nous nous  rendons sur le lieu du spectacle où il n’y a encore personne et nous nous faisons gentiment dégager. L’attente sera relativement longue. C’est le moment de parler avec mon compère du jour et de se balader encore un peu dans la ville.  Puis nous entendons des cris … Tout le monde arrive et reste dans le hall. Le Sema ne devrait plus tarder. Mais qu’est-ce-que le Sema ? Une cérémonie dans laquelle la danse sacrée « Whirling Dervishes » est réalisée. Cela peut plus laisser penser à une invocation en dieu, ou un rite relativement sectaire.

 

Danse Turque ou propagande géante ?

 

Ça brasse de tous les côtés (comme dirait Julie), la salle est désormais remplie. Jamais je n’aurais pensé que cette danse pouvait attirer tant de monde. 21h, le show peut enfin débuter. Mon appareil photo est de sorti. Nous assistons en fait à une sorte de rite où le côté religieux est fortement présent. Les chants s’élèvent et les « acteurs » commencent à bouger tout doucement. Je ne sais pas quoi en penser. Ça va vraiment débuter un jour ? Honnêtement, je commence à m’ennuyer, mais pour le respect de leur tradition, je tente de ne pas m’assoupir. Une envie qui devient de plus en plus insistante.

Certaines personnes ferment les yeux, comme pour accompagner le rite. Cela devient de plus en plus troublant… Ces hommes tout de blanc vêtu tournent sur eux même sans s’arrêter, toujours accompagnés de chants. 30 minutes plus tard, la répétition, lente de surcroît, n’en finit plus. Mes yeux tombent … Je me relève pour ne pas en louper une miette et vivre l’expérience au mieux. Je m’attendais à tout, sauf à ça. Si une expression venait se poser, ce serait « un ennui mortel », sans l’ombre d’une hésitation. Dans les 5 dernières minutes, la salle prie et s’exprime tout en fermant les yeux, comme pour témoigner de sa gratitude envers Dieu.

N’ayant aucune confession, je trouve cela vraiment impressionnant mais également perturbant. Certaines de ses personnes semblent réellement habitées. Il faut le vivre pour le comprendre. Le Sema est tellement particulier. En rentrant vers notre hôtel, mon sentiment reste partagé. Mon ennui était en effet bien présent, mais je n’avais jamais rien vu de tel … Je reste tout de même content d’avoir vu ce cérémonial rempli d’histoire, baigné d’une culture si particulière.

Dans les rues, le constat est toujours le même.  Moi qui suis pourtant partisan d’une bonne bière en début (ou en fin) de soirée, je ferais l’impasse cette fois-ci. Ce n’est pas que le sommeil me gagne, mais le peu de contact que j’ai avec la population locale ne me permet pas de me sentir comme un poisson dans l’eau. Mon réveil sonne, il est 7h30. Douche, claquette, c’est loin du Sama mais c’est mon rituel. Petit déjeuner à cette chaîne que j’aime tant : Simit Sarayi, présente jusqu’à New York, c’est dire. Ce matin, ce sera Elmali Kurabiye ( Biscuit à la pomme) et Portakalli Kurabiye (biscuit à l’orange).

Il est temps de dire au revoir à Chet, qui sait, nos chemins se recroiseront peut-être en France, à Taïwan ou ailleurs. Sur le trajet de la gare, je vois Kentplaza, l’énorme centre commercial tendance de Konya, un contraste saisissant! Cette fois, je partirais avec la compagnie de bus kamilkoc. Je ne compte évidemment plus sur le Wifi, ce n’est qu’une vulgaire blague ici. Il pleut à torrent sur la route, ma demi-journée ne s’annonce pas sous les meilleures hospices.

 

Ankara, capitale de la démesure

 

13h, me voici à Ankara. J’ai dormi tout le long. J’ai la mauvaise surprise de retrouver mon sac trempé … La flotte ? Peu probable j’étais à l’intérieur. Le bouchon de ma bouteille d’eau mal refermé? Je pense. Plus de peur que de mal, mes appareils électroniques vont pour le mieux. Si tout se passait bien dans mes voyages, ça se saurait . Le trajet ne m’a coûté que 10 euros et ce que je m’apprête à voir ne me fera pas regretter. Bien au contraire.

J’aime être seul à nouveau, trouver un partenaire à son lot de point positif, mais une journée entière est suffisante. J’avais vraiment la volonté de poursuivre seul, comme pour ne plus avoir de contrainte et être maître de mes choix. Avant de prendre le métro, je m’occupe de la suite de mon voyage. Le RDV est pris, à 22h je me dirigerais vers Denizli (point de départ pour Pamukkale). Je suis finalement dans le métro, je ne sais pas vraiment où je vais, mais une chose est sûre : J’y vais ! Le métro à Ankara, ce n’est vraiment pas simple.

Personne ne parle anglais, j’avoue être vraiment paumé. Mais quelque chose me saute aux yeux! Où est le voile et les traditions ? A première vue, aucune femme voilées autour de moi. Puis, je constate que seulement les femmes de plus de 50 ans se couvrent la tête. La génération d’après a donc t-elle choisi de vivre autrement? Cela me fascine, cette capitale est en pleine mutation et la population toute entière n’en a que faire des principes. La liberté ici, c’est le mot d’ordre. Comme si Ankara devait montré au monde entier qu’elle est à part. Mon étonnement n’en finit plus … Mais en faite, où vais-je m’arrêter ? Une station se nommant Kiziaay et où tout le monde descend me semble pas mal. Pour une fois je vais faire le mouton, et suivre le troupeau.

 

Un modèle américain inévitable ?

Et me voici dans l’exemple, que dis-je, dans la reproduction américaine parfaite. Un véritable air de Timesquare par ici, en bien moins impressionnant certes. Un énorme centre commercial à 7 étages se dresse devant moi. Starbucks, Burger King, Mc Donald’s, Popeyes, Sbarro. Je ne suis plus sûr de rien … Suis-je encore en Turquie? Je vois des femmes éclater de rire, émancipées. Un véritable chamboulement. Je ne sais pas si c’est fascinant ou déroutant, j’en viens à penser que les habitants de la Turquie en dehors de la capitale, doivent la détester …

Un blasphème doivent penser les conservateurs. Comment réagit l’ancienne génération par rapport à cela ? J’aimerais tellement le savoir. On se tient la main, s’embrasse, des mains parfois baladeuses, je n’en crois pas mes yeux. Les tatouages sont même de sortie … Je vais de surprise en surprise. Je ferais bien d’autres découvertes dans cette journée, comme la grande mosquée un peu plus loin, mais rien ne m’étonnera plus que ce concept américain poussé à son paroxisme où personne ne parle la langue. Vous obtiendrez peut-être un Yes .. No … Sorry, mais guère plus.

Le soir avant de me diriger à nouveau vers l’Otogar, une femme s’assoit à côté de moi et entame une discussion. Je n’y étais pas préparé, mais elle m’explique pas mal de choses sur la ville d’Ankara et surtout la différence notable qu’il y a entre  et le reste du pays. Le mot liberté est prononcé un nombre incalculable de fois. La réforme adopté en Mai 2008 sur la liberté d’expression a semble-t-il changé pas mal de chose ici. Puis l’heure arrive, je ne me suis pas ennuyé une seconde ici. Dans 6h, je serais à Denizli …

Les articles liés !

de ceux qui vont éveiller vos papilles...

1 Commentaire

Romuald

Romuald

17 septembre 2014

Ce que tu dis sur Antalya ne m'étonne pas vraiment. J'y suis arrivé en avion et j'ai loué une voiture pour parcourir les 350 kilomètres qui séparent Antalya de Kaş et ce n'était que du bonheur. Même si les villes traversées n'ont rien d'exceptionnel, les paysages sont à couper le souffle. Je me souviendrai toujours de m'être arrêté dans une supérette à Kumluca et d'y avoir acheté des verres à thé. J'aurais dû photographier la tête du type qui se demandait ce que je faisais dans ce coin perdu pour acheter des verres :)

Répondre

laisser un commentaire