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La Cappadoce : Les pieds sur terre, la tête en l’air

Cappadoce

La Cappadoce est une région qui me fait rêver. Un paysage lunaire que beaucoup de personnes louangent. Des formations rocheuses impressionnantes et des panoramas à couper le souffle. Istanbul visité et Julie partie, il est l’heure pour moi de passer à autre chose. Pendant deux jours, je vais randonner et faire le maximum de choses. L’arrivée prévue à 7h du matin, j’ai juste le temps de me rendre à mon hôtel, prendre quelques directives et partir à l’aventure.

 

La Cappadoce : Une région somptueuse

 

Cela faisait un moment que je n’avais pas vécu l’enfer du bus. Enfin, l’enfer est un mot relatif car c’est de loin mon moyen de transport préféré. Mais il est vrai que le dos en prend un sérieux coup, et que la position est souvent inconfortable pour se reposer, voir dormir. En général, j’y arrive très bien, cette fois-ci sera l’exception. J’ai mal aux épaules, au cou … J’ai hâte d’arriver à destination. Nous arrivons à Nevsehir, inutile de descendre maintenant, c’est bien trop loin car mon hôtel se trouve à Göreme. 30 minutes plus tard, je peux admirer le formidable paysage défilant devant moi. Je ne boude pas mon plaisir et mes yeux sont rivés sur le spectacle n’en finissant plus de m’éblouir. Mais rien de comparable aux asiatiques à mes côtés qui mitraillent sans cesse, à travers le carreau.

 

Une découverte éblouïssante

Enfin arrivé, je peux me dégourdir les jambes. Je vais checker les bus pour ma prochaine destination, dans deux jours. Antalya sera ma prochaine étape, un peu par défaut cela dit. Cette station balnéaire me repousse un peu. Mais j’ai envie de voir de mes propres yeux, et ne pas m’arrêter aux divers avis que j’ai pu voir sur internet. Les bus ne manquent pas et encore une fois, je partirais vers 21h, pour ne pas perdre trop de temps. Une carte pour faire mon trek, je vais me débrouiller seul. Ma liberté refait surface. Quelques bananes, bars énergisantes et gâteaux, et me voilà parti pour Red Valley et Rose Valley. Ce qui devrait m’occuper toute la matinée. Les tours opérateurs m’ont démarché près de la gare, mais il n’en sera rien. Je veux marcher seul, sans aucune contrainte et en respectant mon budget. Je cherche l’entrée du parc national pour ensuite rejoindre la Red Valley. 1 km plus loin, toujours rien, étrange …

 

La Red Valley : Point de départ de mon weekend en Cappadoce

Je ne dois pas être bien loin pourtant… Derrière moi, je distingue quelqu’un. J’attends donc pour savoir si je suis sur la bonne route. Andrea, canadienne qui effectue un tour d’Europe veut suivre la même route que moi aujourd’hui, en se rendant à Red Valley et Rose Valley. On fera donc le chemin ensemble. Pas de scooter ou de Quad, on fera absolument tout à pied, et le plus rapidement possible. Les paysages deviennent de plus en plus beaux, et je ne sait plus de quel côté regarder. C’est tout simplement somptueux.

L’envie de sortir des sentiers battus m’envahit, me valant le surnom de « Monkey » par Andrea. Pas de chemin prévu, pas de problème, après tout pourquoi suivre la route ? Autant se la faire soit même. Nous sommes presque au point le plus haut, l’occasion de prendre quelques photos et d’avoir un des plus beaux panoramas ! Les Quads se mettent à notre niveau, mais la satisfaction de l’avoir fait à pied est bien plus gratifiant. Ainsi que d’avoir économiser autour de 60 euros pour une grosse heure.

Red Valley fut somptueuse. Nous redescendons. Je tente d’escalader par-ci par-là, deux ou trois formations rocheuses, juste pour le plaisir. Andrea me signifie que je suis dingue. Enfin, comme si c’était nouveau … C’est cette folie qui me rend heureux actuellement. Pas facile de trouver le chemin à suivre. La solution étant souvent de suivre les gens, qui sont en général un poil plus organisés que moi. Des panneaux en bois indiquent Red Valley ou Rose Valley, mais ils sont peu nombreux. La randonnée se poursuit et peu à peu nous trouvons notre chemin. C’était pas bien compliqué,  on dirait que je l’ai fais exprès …

Mais j’ai aimé me perdre dans cette vallée. Sur la route, nous faisons la rencontre d’un portugais et d’un coréen. Nous serons désormais 4 pour cette dernière portion. La Red Valley est vraiment magique. Des fous rires, des expériences partagées et surtout une bonne entente. Je parle à Miguel, portugais, des pasteis de Nata et de mon séjour splendide à Lisbonne. Lui, me parle de Paris, j’en deviendrais limite patriote.

Il n’en fallait pas moins pour profiter de ce magnifique moment. Les photos fusent au point culminant de cette vallée, pour capturer ce souvenir qui restera longtemps dans ma mémoire. Plus loin, une voiture s’arrête… Incroyable. Pourquoi ? A l’intérieur, Siram, gérant d’un hôtel à Göreme nous propose de nous déposer. Une aubaine, quand on sait que la ville est à plus de 1h30 de marche. Nous montons dans le 4×4, et en 20 minutes nous sommes à la gare de Göreme. Timing parfait.

Je lui promets que j’irais boire un verre dans son hôtel avant de partir. Nous rechargeons les batteries en mangeant un bout et en buvant. Il fait vraiment chaud, ma peau commence à prendre des couleurs. Il est plus de 14h quand nous prenons le bus en direction de Uchisar avec Andrea. Les deux autres préférant rester à Göreme. 30 minutes plus tard, Pigeon Valley, nous voila! On m’en a dit tellement de bien depuis que je suis ici. A la descente du bus, nous faisons la rencontre de Sophie, française habitant à Nantes. Jamais deux sans trois, comme on dit.

 

En route pour la vallée des Pigeons

 

L’heure est désormais à la découverte de ce lieu qui me plait déjà. Une petite marche s’impose. Je prends les devants pour ouvrir le chemin. C’est la plus belle vallée que j’ai vu pour le moment, aucun doute là-dessus. La seule déception est la durée de la balade n’excédant pas deux heures. Je prends donc un malin plaisir à regarder les environs, les locaux et les habitations .De retour, un verre pour finir cette journée et nous nous quittons.

Demain, je serais seul. L’occasion pour moi de faire le Green Tour mais sans guide, permettant d’économiser 30 euros. Suis-je trop optimiste ? Sûrement. Dans le pire des cas, cela me fera une belle balade, rythmée par les galères. Comme promis, je rends visite à Siram, l’automobiliste rencontré dans l’après-midi, qui m’accueille de la plus belle des façons. Un thé et un narguilé plus tard, je m’enfuis pour une bonne nuit de sommeil. Avant de m’endormir, je rencontre des Australiens. Nous parlons de tout et de rien et me traitent de fou, lorsque je leur annonce que je dois absolument me lever à 5h. Déjà minuit, il est vraiment temps de se coucher. Une journée ardue m’attend.

 

Le lever du soleil prend le dessus sur mon sommeil

 

Le réveil sonne, je me fais violence mais mes yeux retombent. La violence ne suffit pas, il faut que l’envie prenne le dessus. 5h20, je suis dehors. La tête bien calée dans le postérieur, il faut le reconnaître. Conseillé la veille, je cherche le spot qui me permettra de voir le lever du soleil. Pas de doute,  c’est bien là! Je suis subjugué par le spectacle qui s’offre à moi. Le temps s’y prête même si c’est encore un peu brumeux. Je mitraille, sans m’arrêter. Je n’ai jamais vu un lever de soleil aussi beau, juste à couper le souffle. Je ne sais plus dans quelle direction regarder. Ma fatigue n’est plus, j’adore. Cela fait bien 1h que je suis planté là. Je rencontre un thaïlandais qui profitait du moment aussi. Mais la discussion tourne court, car j’ai beaucoup à faire. Nous nous retrouverons peut-être plus tard en Turquie, ou qui sait, un jour en Thaïlande ou à Paris. Retour à l’auberge, petit déjeuner, douche et me voilà déjà reparti. Il est 8h et j’entame ma journée marathon sous la pluie qui n’en finit plus …

 

Un green tour à ma sauce, voué à l’échec

 

La grotte de Derinkuyu, une des attractions de ce Green tour est une véritable déception pour moi. Tout d’abord parce que les tours opérateurs étaient déjà de la partie, mais également parce que la non gratuité de ce lieu m’avait fait espéré quelque chose de grand. Finalement, c’est juste une répétition de roches souterraines. Plier en deux sans arrêt, ça n’avance pas. Je m’attendais à quelque chose de bien mieux. Bref, le moment est venu pour moi de filer à l’anglaise, pas question de m’attarder ici. Le trajet a été assez compliqué pour venir ici. Il a fallut faire Gorême – Nevsehir ( Moins de 1 euro) et Nevsehir – Derinkuyu (Pour 1.5 euros et 30 minutes).  J’aurais bien voulu prendre un Quad et rester sur Göreme mais le prix m’en a vite dissuadé : 55 euros, pour toute une journée. Je n’ai pas trouver mieux. Surtout quand l’on juge que c’est 20 euros pour une heure. Le prix pour le scooter est sensiblement le même.

 

Retour à l’envoyeur

La grosse déception pour moi, c’est que Illara Valley est à plus de 50 km, et qu’il m’est impossible de la rallier en bus, ni même en stop. Je n’ai aucunement le temps de m’accorder cette folie. La solution, elle est assez simple, c’est de rebrousser chemin vers Gorëme et de faire complètement autre chose. Je prends le temps de visiter Nevsehir, histoire de ne pas être venu pour rien. Cette ville n’a rien à voir avec Göreme, et me plait. Bien plus pauvre, le dépaysement intervient rapidement. Les seuls touristes sont là par défaut. Ils n’ont pas trouvés d’auberges ou d’hotels à Göreme. La pluie perdure, le soleil se cache et me boude … Ça avait pourtant bien débuter. De retour à Gorëme, je me dirige vers une autre vallée : Love Valley.

 

Love is the answer. Rain is nothing

 

Cette vallée est vraiment atypique. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce que les roches ont une forme bien particulière, celle d’un sexe masculin. Énorme pour le coup ! Depuis la gare routière, je prends cette longue ligne droite. Le panneau Nevsehir – Avanos m’indique que je suis sur la bonne route, mais cette-dernière est encore longue. La pluie est de plus en plus présente, et pourtant mon plaisir est immense. Je sautille, cours, escalade pour découvrir des coins que quasiment personne n’aura eu l’occasion de faire. Je ne veux pas suivre le chemin que l’on me propose. Je suis désormais seul au monde. C’est à la fois, glorifiant et intriguant, je ne saurais dire quel sentiment domine. Je m’amuse à prendre n’importe quel chemin. Aucun bruit, cela peut faire peur, mais chez moi l’effet est inversé. Mon état d’excitation est énorme, je ne m’arrête plus. Plus de 2h que je suis dans cette vallée connue de tous ici. Lorsque que je tombe sur cette biche morte dans la boue, cela me calme un peu. Et je fais demi-tour, après avoir exploré cette vallée. Je trouve un point de vue intéressant, bientôt plus de batterie sur mon appareil photo, c’est le côté frustrant de ma journée.

Puis direction Cavusin, petite ville charmante, que les touristes boudent fort facilement. Ici rien de touristique, juste une ville loin de tout. C’est ce que je recherche. Ici je suis comme un poisson dans l’eau, il doit y avoir 3 hôtels et 2 restaurants. Je trouve ça vraiment génial. La visite est rapide mais mérite le détour. De plus, la route de terre impraticable avec la pluie, ne fait que décupler le plaisir. Je voulais de la galère, me voilà servit. Je suis réellement trempé. La nuit commence a tomber, je refais le chemin inverse. Il ne me reste plus beaucoup de temps, je dois me changer, manger et prendre mon bus.

Pour rentrer, pas moins de 5 voitures s’arrêtent, ayant pitié de moi. Je leur explique, dans la langue de Shakespeare, que je souhaite continuer seul, même si la pluie bat son plein. Göreme n’est plus qu’à quelques mètres. L’auberge me tend les bras, je suis enfin sec … Il ne me reste plus qu’à faire quelques achats pour mes proches, manger un morceau (relativement onéreux pour un Kebap) et acheter à manger dans la supérette du coin pour économiser un peu d’argents. Mon bus a 20 minutes de retard. Antalya dans 9 heures, je ne peux pas dire que je suis vraiment pressé. La seule chose dont j’ai hâte, c’est de dormir. Cette journée m’a littéralement tué.

La Cappadoce, je m’en souviendrais. J’ai rarement fait un coin qui m’a autant passionné. Le dernier en date fut le Perito Moreno et la Chapada Diamantina. Cette région est un passage obligatoire en Turquie. Il ne peut en être autrement. Désormais, voyons ce qu’Antalya a dans le ventre. Est-elle aussi belle que ce qu’on a essayé de me dire ? Laissez moi en douter.

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10 Commentaires

Laurent

Laurent

19 juillet 2014

Salut Mike,
Ah la Cappadoce et ses paysages. J'avais adoré. Je logeais également à Göreme, c'est vraiment extra ce village au milieu des formations rocheuses.
J'avais également apprécié Derinkuyu par contre. C'est tout de même impressionnant non cette ville sous terre. C'est vrai que visuellement, ça n'est pas à la hauteur des autres paysages de la Cappadoce, mais avoir creusé tous ces tunnels, ce n’est tout de même pas rien !
Et t'as bien fait de faire ça à pied, c'est vraiment pour moi une nuisance tous ces quads :-( Peut-être un manque de tolérance de ma part, mais je suis allergique à ces bêtes à quatre roues :-(

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Mike

Mike

19 juillet 2014

Le Quad doit être sympa quand tu viens avec quelqu'un et peut te permettre de faire plus de choses. J'y étais dans une période assez creuse, ce qui m'a vraiment permis de profiter de mon séjour. Derinkuyu j'avais un groupe de 1000 chinois donc peut être que j'ai baclé tout ça ... C'est même fort possible.

De toute façon, à chaque fois que j'ai le choix, j'utilise mes jambes pour rallier les villes, c'est le summum de la liberté et en plus ça conserve. Que demander de plus.

Perrine

Perrine

27 juillet 2014

Nous aussi, nous avons fait la Cappadoce et nous avons adoré.
Nous ne sommes resté q'une seule nuit à Göreme, mais avons fait beaucoup moins de balades que toi.
Il faut dire que nous avions pris un bus de nuit depuis Istanbul la veille de la fin du Ramadan et après une petite erreur sur notre résa de bus, je me suis retrouvée assise sur le strapontin à côté du chauffeur.
Autant dire qu'il était impossible de dormir. Et également impossible d'échanger avec Cédric qui lui avait une vrai place au fond du bus : la condition de la femme étant ce qu'elle est en Turquie : à moi de souffrir toute la nuit sur ce strapontin.
Plus quelques bouchons en plein milieu de nulle part, dû au fait que tout le monde rentrait au "bled" pr le Ramadan, nous ne sommes pas arrivés très frais en Cappadoce.

Nous avons tout de même pu faire la Red et la Rose Valley et aller jusqu'à çavusin.

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Mike

Mike

29 juillet 2014

Merci pour votre témoignage :) Pas terrible en effet pour l'histoire du bus, le système pour le bus est bidon ... La condition de la femme est vraiment particulière, ce n'est pas le seul pays cependant. Sympa d'avoir pu faire la Rose et Red Valley compte tenu des complications de votre voyage. En espérant que vous aurez plus de chance pour votre prochaine aventure.

Emilie

Emilie

14 mai 2015

Bonjour Mike,
merci pour ce très beau témoignage qui me donne envie d'y être déjà !
Je prépare actuellement mon voyage en Turquie, la Cappadoce fera partie de mes escales. Je comptais y rester environ 5 jours pour y faire de la randonnée/marche. Pour cela, penses-tu que je puisse rester dormir à Göreme et faire des trajets d'une journée, ou vaut-il mieux aller de village en village et se loger sur place ?
Merci d'avance pour tes conseils !

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Mike

Mike

18 mai 2015

Salut :)

Perso j'ai dormi à Goreme et je pense que c'est le meilleur point de départ. Rose and red valley, love valley, pigeon valley sont toutes faisables à pied.

En revanche si tu veux aller à Ilhara valley qui a servi pour le décor de Star Wars c'est plus proche de Nesvehir. Au pire tu as des tours. Moi je suis anti tours. Trop de monde tue le monde.

Si tu veux m'en parler en détail viens me voir sur ma page facebook : http://www.facebook.com/mikeontheroad :)

Florian

Florian

9 juillet 2015

Bonjour,
Merci pour ce récit, qui donne envie de découvrir la Cappadoce !
J'y vais au mois d'Aout, pendant quelques jours.
Petite question pour compléter cet article : Tu indiques que le sport pour observer le lever de soleil t'a été conseillé. Est-il possible d'en savoir plus sur ce sport ? Comment la trouver ?
En complément, a ton avis, est ce que cela vaut le coup de faire un tour en Montgolfière ?
Merci pour ton aide,
Florian

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Mike

Mike

9 juillet 2015

Hello Florian.

Le spot qui m'a été conseillé est très facile à trouver, étant donner que Goreme est très petit. Il se trouve à l'entrée de la ville. Je ne sais pas où tu dors mais n'hésites pas à demander autour de toi. Je n'ai pas le nom de la rue, mais va où ca grimpe. De souvenir c'est à l'entrée de la ville, un peu après la station de bus.

Pour la montgolfière, je suis et reste un backpacker, pour moi c'est trop cher. mais si on est capable de mettre un prix qui excède 100 euros sans réfléchir, alors oui ça doit valloir le coup.

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