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Capu d’Ortu : Une soif d’aventure

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Quel merdier pour trouver ce bus… Une personne me donne un endroit, puis plus loin on m’assure que c’est à l’opposé. Il ne me reste que 5 minutes. C’est finalement à côté du Super U, et dire que j’y étais il y a 30 minutes … Je tape un sprint avec mon sac et j’arrive à peine 30 secondes avant. Le chauffeur finit son cigare et démarrera le mini bus 10 minutes plus tard. La fameuse ponctualité Corse est à son apogée.

 

Porto : Porte d’entrée vers le paradis

 

Mis à part cette petite difficulté, je suis bel et bien arrivé à Porto (en Corse). Une ville qui me plait, certes un poil touristique et où je n’ai pas encore d’endroit où dormir mais, le golf se trouvant devant moi, ainsi que la plage suffisent à mon bonheur. Un arrêt à l’office du tourisme afin d’avoir la liste des campings. Selon toute vraisemblance, je n’aurais aucune difficulté à en trouver un, même si l’affluence est grande en ce mois d’Août. J’avais déjà eu un aperçu des environs de Porto dans le bus. La vue était telle, que je n’avais pas réussi à décrocher. Cela contraste avec mon envie débordante d’aller à Corte, ce qui ne ressemble plus qu’à un doux rêve de randonneur qu’à une réalité. Mais peu importe, je suis à Porto et compte bien profiter de ses environs.

Mes pieds me brûlent pour la première fois, sans chaussette rien de vraiment bien étonnant. Le camping municipal est l’emplacement idéal, seulement à 10 minutes de l’entrée de la ville et à 3 minutes de la plage. Je prends une décision radicale, je ne passeras pas deux nuits ici, mais trois, il faut savoir se poser et l’endroit s’y prête à merveille. Comment pourrais-je snober les calanches de Piana, Girolata, Scandola ou le Capu d’Ortu ? Surtout que d’après la chargée d’accueil, il est impossible de faire cela en deux jours. La fréquence de transport n’étant pas forte, et les sites éloignés.

 

Scandola, Girolata ou Piana ?

La nuit va porter conseil. Un petit texto à Julie pour me guider. J’hésite encore. Girolata ? Scandola ? Piana ! Peu importe il faut que je me lève tôt. 7h, le réveil sonne déjà, mais pas de panique, c’est la première fois que je ne devrais pas défaire ma tente dès le lendemain … Franchement c’est jouissif. Ah oui, j’ai trouvé ma destination, ce sera Piana. Des randonnées d’une demi-journée sont possible. Je vais y être tôt pour ne pas me presser. Le bus est à 8h17 … A force de me laisser vivre, je me rends compte qu’il est déjà 8h. Le bus suivant étant à 10h45, comment vous dire qu’il va falloir que je galope! 8h06 je quitte le Camping, le sprint est lancé ! Enfin le sprint, tout est relatif … Avec la montée qui s’offre à moi, je fais ce que je peux.

8h16, je vois le bus démarrer. C’est bien la première fois que les Corses sont en avance. Je me presse, lui fait signe, il est encore temps! C’était moins une quand même. Je paye près de 5 euros (du vol, mais j’en ai pris l’habitude ici – seulement 25 minutes de trajet). La route qui s’offre à moi est toujours aussi somptueuse, impossible de m’endormir devant un tel spectacle. Et en prime, le chauffeur nous offre un show à la Corse, insulte sur insulte envers les touristes du monde entier.

J’aurais peut-être du m’arrêter à la roche bleue, qui semblait plus proche des calanques, mais c’est trop tard. De plus, j’ai vraiment envie de voir à quoi ressemble Piana. J’ai entendu pleins de belles choses à son sujet.

 

Piana me voilà

 

8h40 j’y suis. Le village est calme, mais dôté d’un charme fou. Je vais même chercher mes beignets au Brocciu (l’incontournable) avant de me rendre à l’office du tourisme pour voir ce que je peux faire de ma journée. Je pourrais me lancer à l’abordage d’un des nombreux chemins, mais sans balisage on ne va pas prendre de risque. Ce serait idiot, surtout que je viens de me rendre compte que j’ai oublié ma poche à eau. J’ai longtemps hésiter à faire machine arrière, mais l’envie d’en découdre avec le paysage Corse était bien trop fort.

Tout en finissant mon dernier beignet, je me dirige vers l’office du tourisme où je me procure une carte, et des renseignements. Ce sera le Capu d’Ortu, car même si selon le topo guide c’est parti pour 7h, ma forme physique est bonne. J’espère aller en dessous de 6h30. J’ai plutôt intérêt car le bus est à 16h20. Il ne faut pas trainer. J’aurais pu faire le chemin des muletiers, mais l’envie de voir le Capu d’Ortu et d’avoir une vue unique sur les calanques fera le reste.

 

Cap sur le Capu d’Ortu

 

Le début de la randonnée n’a rien de compliqué, mais je pense que le meilleur m’attend. Je ne croise pas grand monde, mis à part une Hollandaise qui semble avoir du mal avec son gros sac à dos. Je comprends sa douleur, j’ai vécu la même chose pour le tour du Mont Blanc avec des dénivelés plus important. Pendant 40 minutes c’est assez plat, je passe par une forêt, mais assez vite ça se complique…

Le dénivelé commence enfin, les routes deviennent bien plus rocailleuses et plus étroites. Mes genoux commencent à me faire souffrir. je préfère ne pas prendre de risque et remettre ma genouillère, qui ne m’avait pas servi depuis un moment. Cela dit je m’en serais bien passé …

 

Une rencontre peu habituelle

 

Le soleil vient se mêler à la randonnée. Je croise enfin du monde, pas ceux que j’attendais. De charmantes chèvres corses empruntent le même chemin que moi. Je ne sais pas si je dois continuer mon chemin ou attendre qu’elles fassent leur vie ? L’instinct animal peut aller bien vite. Je prends la décision de dégainer mon reflex pour immortaliser le moment. En tant que citadin parisien, j’ai rarement ce genre de spectacle. Les seuls troupeaux que j’ai l’habitude de voir, ce sont les gens rentrant par centaine dans le RER B …  Nettement moins intéressant.

J’ai un peu peur de m’en approcher, mais une fois lancé j’arrive même à les toucher. Je suis pas rassuré pour autant. L’accalmie arrive, je passe mon chemin avec la satisfaction de les avoir vues. Le parcours devient de plus en plus exigeant. Le temps restant pour rejoindre le Capu d’Ortu ? Plus de 3h, sans compter le retour! Impossible … Je n’ai pas pu être aussi lent. J’ai compris … Les Corses sont des vrais rigolos, ils modifient les panneaux en rayant le vrai temps ! En faite je n’en ai plus que pour 2h.

 

Bocca di Piazza : Un dernier effort pour le graal

 

910 m d’altitude, le premier palier est vite atteint. Nous voici à Bocca di Piazza. Je me sens assez bien, malgré le manque cruel d’eau. Je n’ose pas ouvrir ma pauvre canette de soda … Je me la garde pour quand je serais en haut avec une vue imprenable. Ce sera ma récompense. D’ailleurs cette récompense ne devrait plus être très loin. Le problème c’est que je n’arrive plus à trouver le bon chemin. Le seul moyen de se repérer dans cette randonnée est de voir au loin les panneaux de distance, et surtout voir les « Cairns ». Les Cairns (Non je ne suis pas en Australie), ce sont tout simplement  des amas artificiel de pierres pour marquer un lieu particulier ce qui remplace un balisage classique. Le seul problème, c’est que parfois certains s’amusent à en créer des factices !

 

De l’escalade pour une récompense à la hauteur

Il fallait bien ça car c’est assez compliqué de s’y retrouver. Mais je me fais à l’idée qu’il va falloir faire limite de l’escalade plutôt que de la randonnée classique. Je prends un pied énorme à escalader les roches corses. Je me pose toutes les 15 minutes, car avec ce soleil qui me tape le crâne et sans flotte, impossible de tenir ! Je me demande si je vais y arriver. Néanmoins, je ne me vois pas rebrousser chemin. Cela voudrait dire que j’abandonne et que je n’aurais rien vu … L’Abandon ne fait pas vraiment parti de mon vocabulaire. C’est pour ça que je tire un peu plus sur la corde, et grimpe tant bien que mal. J’ai le souffle coupé, ainsi que des vertiges. Je ne sais pas si c’est le manque d’eau ou la difficulté qui est devant moi.

 

La délivrance et une délectation à près de 1300 m

 

Je peux enfin apercevoir le sommet ! Il est là, bordel ce que c’est bon. A bout de force, je tente tant bien que mal de reprendre mon souffle. Je suis au sommet, avec une vue imprenable. Et cela valait vraiment le coup de souffrir. L’office de tourisme ne m’avait pas menti … C’est sublime. Une sensation de liberté m’envahit, je me sens étrangement bien. Plus de fatigue, rien … Je me sens capable de tout !

La ville de Piana est à 450 m d’altitude, me voici à près de 1300 m. Peu importe le temps que je mettrais pour revenir, je veux m’imprégner de ce magnifique endroit. La vue nous délivre la magnifique plage de Bussaglia, ainsi que la réserve de Scandola. Sans oublier, bien entendu les Calanches de Piana. Ma canette y passe, cela devenait vital! Je pense avoir été à 90 % de mes limites.

La descente se veut lente et périlleuse. Vu qu’il n’y a pas vraiment de chemin, je prends mon temps. Une chute pourrait vite arriver. Ma jambe gardera un souvenir du Capu d’Ortu, une belle égratignure sur le mollet droit. Le retour est tout de même bien plus simple, quand la roche se termine. Je fais tout de même attention, pour ne pas me blesser. Je veux garder mon genou en bon état.

 

La descente vers Piana et la ponctualité Corse

 

Je rentre tout doucement à Piana, et garderais un excellent souvenir de cette randonnée itinérante. Je suis satisfait de mon temps puisque je n’aurais mis que 5h30, au lieu des 7h initialement prévu. La première chose que j’entreprends une fois arrivée dans le village, c’est d’aller acheter 3 litres d’eau pour m’hydrater … ENFIN ! Plus jamais je ne partirais sans avoir vérifier avec précaution mon sac à dos.

Le bus est censé arrivé dans une quinzaine de minutes, mais en Corse on ne fait rien comme tout le monde. Il nous le font assez savoir. 1h plus tard toujours rien, je décide de faire du stop. Pas beaucoup de voitures, les Corses n’ont pas l’air d’être des adeptes avertis de ce concept. Ils me semblent assez méfiants. 90 minutes plus tard, je ne sais pas encore comment rentrer, l’inquiétude me gagne peu à peu. 18h20 le bus arrive, soit plus de 2h de retard. La ponctualité Corse est un concept, mais un concept qui n’a pas encore été inauguré sur l’île !

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4 Commentaires

Mat

Mat

23 avril 2015

Paysage de ouf ! par contre je sais pas si j'aurais fais l'ascension juste avec un short et des basket, ça m'a l'air un poil dangereux tout ça.

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Mike

Mike

18 mai 2015

Je confirme des fois mes envies sont plus fortes que ma raison ... surtout quand il s'agit de montagne

Christophe@LesVadrouilleurs

Christophe@LesVadrouilleurs

15 juin 2015

De notre côté nous avons découvert le golfe de Porto (réserve de Scandola, calanche de Piana et golfe de Girolata) par la mer et nous avons été émerveillé par l

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Mike

Mike

17 juin 2015

Hey les copains content de vous voir ici. J'ai justement écrit mon article sur Girolata ! C'est vrai que c'est un coin sensationnel !!

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