Le rêve Argentin

Peu avant de rentrer dans le bus nous faisons la connaissance de Tom, fan des Lakers … Son seul réel défaut. Il effectue un tour de monde et cela fait près de 2 ans qu’il est sur les routes. Dans 2 mois, retour au bercail. Plus de 3 semaines encore pour nous, et on va sûrement pas bouder notre plaisir. En attendant, je me les gèle dans ce bus … Ce problème de fenêtre ne s’arrangera pas. 10h de bus, un enfer, le vent s’abat sur ma tronche … Impossible de fermer cette foutue fenêtre. Rien ne sert d’alerter le chauffeur du bus, au vue du prix. De plus il ne va pas s’arrêter pendant 2 heures pour cela. Une longue route pour l’Argentine débute.

Un rêve qui s’approche

Cela ne fait qu’une heure que le bus a entamé sa route. Avec la première main, je tente de coincer la fenêtre … Pour ne plus qu’elle s’ouvre. Mais à peine assoupi, je dois me rendre à l’évidence jamais mon bras ne tiendra 10h sans bouger. Il fait en-dessous de 0 degré, et la seule chose que je puisse faire, c’est de prendre mon mal en patience. Aucune alternative n’est alors possible, je dois souffrir. Le deuxième problème qui se pose, c’est bien évidemment la route … Elle est tout sauf agréable. Enfin, de nuit les lieux sont bien moins magiques. On n’y voit rien. Ma tête rebondit sans cesse, ce trajet va être interminable. Il n’est que 21h et j’ai déjà hâte d’être à Villazon.

Le bus est blindé, des gens se tiennent debout. Je lâcherais limite ma place assise, pour ne pas me transformer en glaçon. Il est minuit, je tente d’allumer mon MP3 pour passer le temps, et me bat toujours avec cette putain de fenêtre, non loin derrière moi un couple grelotte. Cette tâche se transforme limite en une mission. Je dormirais plus tard … Mais quand, la question mérite d’être posée. 3h du matin, il ne me reste plus que 4h de bus, les nerfs commencent doucement à lâcher, j’en ai vraiment marre. Mais après tout, est-ce que la plainte quasi perpétuelle réglera le problème de cette fenêtre? Parfois on se relaie avec le mec de derrière. Il s’appelle Ben, et sa copine Tenille. J’ai mis une bonne dizaine de minutes à comprendre son prénom. Je ne savais même pas que ça existait.

Enfin, nous y sommes… Nous voilà à Villazon. Nous (Le couple Australien, le Néo Zélandais, Jojo et moi) nous dirigeons vers la sortie la plus proche. Nous ne connaissons ni le chemin, ni la durée de notre escapade vers la frontière. On vient nous chercher dès la sortie du bus , en nous disant qu’on pouvait se changer et se réchauffer dans un local avant de prendre leur bus. C’est pas forcément très sport, mais on accepte avant de partir à pied jusqu’à la Quiaca. Il parait que c’est bien moins cher. De plus, leur bus n’arrive que dans 4/5h, autant voir si l’on peut avoir un bus avant. Changé, les mains sur le radiateur, je suis d’attaque. Le passage de la frontière n’est qu’à 15 minutes. Néanmoins, on va devoir attendre un tout petit peu. Il est à peine 6h30 et les bureaux ne sont pas encore ouvert. Pas avant 8h selon les écriteaux. 45 minutes d’attente, le bureau ouvre en avance. J’ai toujours cette petite appréhension, car sur mon passeport ce n’est pas la bonne adresse. C’est la même ville, mais j’ai déménagé peu de temps avant ce voyage. La tension ne se lit pas sur mon visage et c’est bien là, le plus important.

Passage de la frontière

Le passage ne pose pas le moindre problème. Fouille des sacs juste mythique. On pose nos sacs, et là on entend : VAMOS … Ok, et sinon vous fouillez pas ? Non bah on va vous écouter. Je m’en vais et ne reviendrais pas sur mes pas. Lorsque je lui ai dis, que j’étais Français, mon sac ne l’intéressait plus. Ça m’arrange pour dire la vérité. Tom passe, mais le couple connaît quelques difficultés. On n’attendra pas plus longtemps, nous devons filer le plus rapidement à Salta. Diego nous y attend. C’est une rencontre du hasard, car c’est une fille qui m’a branché avec ce jeune argentin. Je dormirais donc chez l’habitant dès ce soir. Enfin, si nous arrivons jusqu’à Salta. Nous voici en Argentine, du côté de la Quiaca. Un vrai rêve de gosse … L’argentine j’en ai longtemps rêvé, mais je ne pensais pas y aller dans un futur si proche. Un passage à la banque pour retirer de l’argent, et nous voilà déjà à l’abordage. Plusieurs compagnies de bus se battent pour nous avoir. Ici tous les coups sont permis.

Flecha Bus, compagnie de bus très connue ici aura nos faveurs. On effectuera un stop à Salvador de Jujuy, avant d’enfin arriver du côté de Salta. Je suis si pressé … tellement pressé de voir le Quebrada de las Conchas, et de rencontrer Diego. Je l’ai contacté par mail, et il nous attend. 5h de transport, pour faire ce stop à Jujuy. Attendre 1h, 1h30 et reprendre un bus pour Salta. C’est tout un programme. Je trouve enfin le sommeil dans ce bus, la route est bonne, ma tête reste coincée dans le fauteuil, la bouche grande ouverte. Stoppé dans mon élan … La faute aux policiers qui nous font tous descendre. Encore une fois, ma nationalité française me rend bien des services. Je n’aurais jamais cru. 14h Jujuy, il n’y a absolument rien, à part la fin d’un marché.

Tom perd son porte-monnaie, on a beau l’aider à chercher, rien n’y fait. Il appelle sa banque, je lui propose de lui prêter de l’argent, mais quelqu’un a été plus rapide que moi. Des compatriotes venus tout droit d’Auckland. C’est la hantise de tout voyageur, heureusement que son passeport n’était pas au même endroit. Il ne prendra pas le bus pour Salta avec nous. J’espère vraiment qu’il s’en sortira de belle manière. 15h45 le bus démarre. 18h nous arrivons à destination. Nos sacs commencent à peser. J’envois un texto à Diego, plus que 30 minutes de marche. Nous y sommes … Diego nous accueille comme un frère et nous met très rapidement à l’aise. Son père, une vrai force de la nature me rend admiratif. Nous sommes un Argentine, et ça ne pouvait pas mieux commencer. Ce bus est derrière moi, je n’y pense même plus … Demain on nous promet une Asado !!!